lundi 15 avril 2013

Great Central Road



Le temps s’écoule de plus en plus entre chaque article mais nous ne vous oublions pas ;-)
Cela fait maintenant 2 semaines que nous avons terminé la Great Central Road (GCR pour la suite, ça sera plus rapide) et nous en rêvons encore…
 
Comment une simple route de 1000 km peut-elle autant nous avoir marqué, malgré tout ce qu’on nous avait raconté et toutes nos appréhensions ?
Il n’y a pas d’essence sans plomb (le breuvage préféré de Chuck) sur cette route, et pour quelle raison ? Les aborigènes sniffent la sans plomb. Mais comment faire pour parcourir une telle distance avec une voiture gourmande et peu d’essence en réserve ? Il s’avère que BP a créé expressément pour cette partie du monde une essence, appelée « Opal fuel », dont les effets euphorisants sont moindres. Cela n’empêche pas parfois les aborigènes de voler les bidons ou de même percer les réservoirs d’essence des voitures. Il ne faut donc jamais laisser sa voiture toute seule et dormir de préférence dans les « Road House », seules stations essences-camping sur la route (au nombre de 3 sur tout le chemin), tous les 250 km environs. Rassurant…
La route est sans revêtement, et peut donc être difficilement praticable selon les conditions climatiques. Elle est composée de sable, de poussière ou encore de graviers, et se présente par moment sous la forme de tôle ondulée, sur laquelle il nous est conseillé de rouler à plus de 80 km/h pour « surfer » sur les crêtes, mais qui peut nous faire patiner. Bosses ou glissades ? Nous verrons…
La voiture doit être fiable à 100 %, car il n’y a que de petites stations essences sur le chemin proposant très peu de services, et un dépannage risque de coûter plus cher que la valeur de la voiture elle-même. Ce qui explique le grand nombre de voitures abandonnées sur le bord de la route. Et les risques de crevaison de pneu sont très élevés.
Dernier conseil : bien ralentir quand on voit un chameau traverser la route, d’autres suivront sûrement, et le pare-kangourou n’est pas très efficace en cas de collision.

Mais c’est une grande expérience à tenter, nombreux sont ceux qui en gardent un bon souvenir, et c’est le rêve de beaucoup d’Australiens de rouler sur l’ « Australian Longest Shortcut », le plus long raccourci australien. Il s’agit de la seule route continue qui passe par le milieu du pays d’Ouest en Est.
Nous avons donc décidé de prendre la route, qui nous permet de joindre le fameux rocher Uluru au milieu du pays, sans devoir faire un aller-retour de plus de 2000 km à partir de Darwin ou Adélaïde (pour nous ce gros caillou faisait partie des choses à voir absolument en Australie, malgré sa position plus que perdue). Et nous n’avons pas été déçus…

Petit rappel de l'itinéraire
 
Après avoir fait un check-up complet de la voiture, aidés par des gens très sympas dans le camping de Leonora, et rencontré un couple de suisses germanophones retraités qui prenait la route le même jour que nous, nous nous sommes mis en chemin. Et chose importante, nous avons 2 roues de secours !

Ca commence bien, au moment de quitter la route principale pour prendre la fameuse GCR, bien indiquée, François hurle « et c’est partiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »… et passe à côté de la bifurcation. Heureusement, la GCR n’est qu’un seul chemin donc François ne devrait plus se perdre.



 Nous avons très vite rattrapé le couple de suisses qui était parti 1h plus tôt que nous, et qui roulait tellement lentement sur la GCR qu’on a pensé qu’ils avaient un problème. Et bien non, ils ont opté pour l’option « roulons lentement sur la tôle ondulée », et nous on avait vite compris l’intérêt de rouler vite. Il est passé midi et il reste 250 km à parcourir, à 40 km/h ils ne sont pas près d’arriver au premier road house avant la tombée de la nuit. On s’inquiète quand même mais continuons la route.

La route est superbe, et nous sommes très vite envahis par un sentiment de plénitude à la vue de l’immensité des paysages et par notre solitude. Nous traversons une multitude de paysages différents, dont de grandes plaines complètement brulées sur plus de 100 km, et sur la journée, nous ne croisons une voiture que toutes les heures. La terre est la plupart du temps d’une couleur rouge flamboyante, qui crée un énorme nuage de poussière pourpre à l’arrière de la voiture. Finalement, nous sommes contents de ne pas croiser beaucoup de monde. De petites tornades de poussières complètent le tout, à mon grand bonheur (en plus d’avoir peur des araignées, j’ai peur des tornades).


Concentré !!!
Petite tornade de poussière
Route recouverte de sable/poussière


Route en tôle ondulée

Le silence est également très marquant, il n’y a pas de vent mais nous « n’entendons » que ça, c’est assez difficile à décrire. Notre isolement est étrangement fortement agréable.
Les premières curiosités de notre « safari » sont les voitures abandonnées sur le bord de la route, et on est sûr qu’il y en avait plus de 200 sur tout le trajet. Le plus drôle a été de voir un camion de remorquage abandonné !

L'une des nombreuses carcasses de voiture.

Nous croisons également beaucoup de dromadaires, qui nous regardent bêtement tout en mâchant leur herbe en faisant aller leur mâchoire de droite à gauche, et puis qui se mettent soudainement à courir. Ca ne transpire pas l’intelligence…  Nous voyons également quelques dingos, un peu plus timides et magnifiques (on en veut un), des lézards, des serpents, et de magnifiques chevaux sauvages. Bizarrement, nous n'avons pas vu un seul kangourou.




Dingo



Petit vidéo des dromadaires et de la jolie route :



La route n’est pas trop difficile, ils la « lissent » deux fois par an et nous pensons qu’ils viennent de le faire. Comme il n’y a personne sur la route, nous pouvons rouler au milieu, à gauche, à droite, ce qui nous permet d’éviter les plus gros cailloux et autres briques suspectes (destinées à faire fonctionner les marchands de pneus locaux ?). Les bosses ne sont pas ce qu’il y a de plus agréables (sur les 200 premiers et derniers kilomètres) mais quand il n’y en a pas, on a réellement l’impression de rouler sur un gâteau moelleux. Il faut juste rester bien concentré car à notre vitesse, nous n’avons pas beaucoup d’adhérence, et donc pas toujours un parfait contrôle de la voiture. Mais c’est génial :-D Et on s’amuse même à traverser les grosses flaques d’eau au milieu du chemin alors qu’il y a un peu de place pour passer sur le côté. Bon j’avoue, c’est moi qui le voulais surtout, je n’étais pas à l’aise sur le côté, la voiture se penchait trop à mon goût et j’avais peur qu’elle se renverse ^^


Nous avons parcouru les 1000 km en 3 jours, et nous avons dormi dans le premier et le dernier road house. La plus grande distance parcourue a été réalisée la deuxième journée (= 480 km). Nous comptons faire un plein d’essence à mi-chemin, mais nous sommes un jour férié, il est 12h15 et le road house ferme à 12h. Heureusement nous avons nos  bidons en réserve, car la consommation de Chuck est très élevée sur ce type de route avec les pneus dégonflés, et nous ne sommes pas sûr d’arriver à destination avec un plein.

Les deux nuits passées dans les road house se sont relativement bien déroulées, malgré quelques frayeurs au second.
Dans le premier, nous étions dans un camping avec barrières et fils barbelés. Nous y rencontrons un couple de notre âge, un français et une anglaises (nous parlons donc anglais), qui fait la route dans le même sens que nous et qui deviendrons nos meilleurs amis de voyage jusqu’à Alice Springs. Par contre, le couple de retraités arrive peu de temps après nous, mais repart très vite car tout est fermé et ils ne nous voient pas. Nous nous inquiétons à nouveau pour eux car le prochain road house est à 250 km et il est 17h…  
Dans le second road house, pas de grille, tout est ouvert, les retraités sont toujours vivants et nous sommes soulagés de les revoir! Ils se sont arrivés très tard au second road house, et heureusement des aborigènes du coin les ont aidés à rentrer dans le camping en leur conseillant de ne pas rester dehors.
Nous passons une soirée tranquille autour du feu, avec deux autres couples (dont le jeune couple, Augustin et Sally), quand nous apercevons une voiture d’aborigènes qui fait le tour du camping. Nous ne connaissons pas leurs intentions mais notre imagination fonctionne très fort. Augustin et Sally approchent leur voiture pour être moins isolés. Nous finissons tous par nous coucher, mal à l’aise. Avec François, nous décidons de dormir avec un couteau (on ne sait jamais), écoutons tous les bruits (on a presque sursauté lorsque la tente a commencé à faire du bruit à cause du vent), préparons nos points d’observation discrets à partir de nos fenêtres, et ne dormons presque pas. Evidemment, il ne s’est rien passé, et tant mieux ! On a juste entendu vers le matin des hurlements de dingos, qui se rapprochaient de plus en plus. 

Premier roadhouse (Tjukayirla), les pompes à essence sont enfermées dans des cages.
Prix de l'essence : 2,35 $/l alors que sur la côte il est aux environs de 1,5 $/l
Coucher de soleil au premier roadhouse
Une libellule finit notre tomate
L'avantage de ne pas avoir de pollution lumineuse, on voit super bien la voie lactée. Le tout grâce à un bon appareil photo et un bon photographe.
L'attaque des mouches, épisode 1
 






La route se termine, nous sommes déjà nostalgique de cette expérience génialissime et difficile à décrire :-)
Tout s’est bien passé, et pas de pneus crevés. Françoise demande à ce que je précise que j’ai écrasé un lézard, mais je ne voulais pas l’écraser, il était entre les roues et il a paniqué. Augustin et Sally ont quant à eux fait un superbe tête à queue afin d’éviter un lézard. Finalement, ma solution était la meilleure.

On y est presque (Uluru)
Changement d'état


Nous commençons à apercevoir au loin des gros monticules arrondis. Il s’agit des Monts Olgas, et nous avons beau avancer, ils s’approchent, grandissent, deviennent géants, mais nous ne sommes toujours pas à leurs pieds…
Suite au prochain épisode ;-) 

Les Olgas au loin
Fin de la Great Central Road et arrivée aux Olgas









3 commentaires:

Unknown a dit…

Superbes photos comme toujours ! J'adore la libellule sur la tomate..et puis, ces paysages ...quelle expérience !

Unknown a dit…

comme d'hab, ça donne envie de rouler en bagnole !

Unknown a dit…

Je suis remplie de frissons à la lecture de votre voyage: le calme, les paysages, l'isolement! Quelle belle aventure!