Le temps s’écoule de plus en plus entre chaque article mais
nous ne vous oublions pas ;-)
Cela fait maintenant 2 semaines que nous avons terminé la
Great Central Road (GCR pour la suite, ça sera plus rapide) et nous en rêvons
encore…
Comment une simple route de 1000 km peut-elle autant nous
avoir marqué, malgré tout ce qu’on nous avait raconté et toutes nos
appréhensions ?
Il n’y a pas d’essence sans plomb (le breuvage préféré de
Chuck) sur cette route, et pour quelle raison ? Les aborigènes sniffent la
sans plomb. Mais comment faire pour parcourir une telle distance avec une
voiture gourmande et peu d’essence en réserve ? Il s’avère que BP a créé
expressément pour cette partie du monde une essence, appelée « Opal
fuel », dont les effets euphorisants sont moindres. Cela n’empêche pas
parfois les aborigènes de voler les bidons ou de même percer les réservoirs
d’essence des voitures. Il ne faut donc jamais laisser sa voiture toute seule
et dormir de préférence dans les « Road House », seules stations
essences-camping sur la route (au nombre de 3 sur tout le chemin), tous les 250
km environs. Rassurant…
La route est sans revêtement, et peut donc être
difficilement praticable selon les conditions climatiques. Elle est composée de
sable, de poussière ou encore de graviers, et se présente par moment sous la
forme de tôle ondulée, sur laquelle il nous est conseillé de rouler à plus de
80 km/h pour « surfer » sur les crêtes, mais qui peut nous faire
patiner. Bosses ou glissades ? Nous verrons…
La voiture doit être fiable à 100 %, car il n’y a que de
petites stations essences sur le chemin proposant très peu de services, et un
dépannage risque de coûter plus cher que la valeur de la voiture elle-même. Ce
qui explique le grand nombre de voitures abandonnées sur le bord de la route.
Et les risques de crevaison de pneu sont très élevés.
Dernier conseil : bien ralentir quand on voit un
chameau traverser la route, d’autres suivront sûrement, et le pare-kangourou
n’est pas très efficace en cas de collision.
Mais c’est une grande expérience à tenter, nombreux sont
ceux qui en gardent un bon souvenir, et c’est le rêve de beaucoup d’Australiens
de rouler sur l’ « Australian Longest Shortcut », le plus long
raccourci australien. Il s’agit de la seule route continue qui passe par le
milieu du pays d’Ouest en Est.
Nous avons donc décidé de prendre la route, qui nous permet
de joindre le fameux rocher Uluru au milieu du pays, sans devoir faire un
aller-retour de plus de 2000 km à partir de Darwin ou Adélaïde (pour nous ce
gros caillou faisait partie des choses à voir absolument en Australie, malgré
sa position plus que perdue). Et nous n’avons pas été déçus…
Petit rappel de l'itinéraire |
Après avoir fait un check-up complet de la voiture, aidés
par des gens très sympas dans le camping de Leonora, et rencontré un couple de
suisses germanophones retraités qui prenait la route le même jour que nous,
nous nous sommes mis en chemin. Et chose importante, nous avons 2 roues de
secours !
Ca commence bien, au moment de quitter la route principale
pour prendre la fameuse GCR, bien indiquée, François hurle « et c’est
partiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »… et passe à côté de la bifurcation.
Heureusement, la GCR n’est qu’un seul chemin donc François ne devrait plus se
perdre.
Nous avons très vite rattrapé le couple de suisses qui était
parti 1h plus tôt que nous, et qui roulait tellement lentement sur la GCR qu’on
a pensé qu’ils avaient un problème. Et bien non, ils ont opté pour l’option
« roulons lentement sur la tôle ondulée », et nous on avait vite
compris l’intérêt de rouler vite. Il est passé midi et il reste 250 km à
parcourir, à 40 km/h ils ne sont pas près d’arriver au premier road house avant
la tombée de la nuit. On s’inquiète quand même mais continuons la route.
La route est superbe, et nous sommes très vite envahis par
un sentiment de plénitude à la vue de l’immensité des paysages et par notre
solitude. Nous traversons une multitude de paysages différents, dont de grandes
plaines complètement brulées sur plus de 100 km, et sur la journée, nous ne
croisons une voiture que toutes les heures. La terre est la plupart du temps
d’une couleur rouge flamboyante, qui crée un énorme nuage de poussière pourpre
à l’arrière de la voiture. Finalement, nous sommes contents de ne pas croiser
beaucoup de monde. De petites tornades de poussières complètent le tout, à mon
grand bonheur (en plus d’avoir peur des araignées, j’ai peur des tornades).
Concentré !!! |
Petite tornade de poussière |
Route recouverte de sable/poussière |
Route en tôle ondulée |
Le silence est également très marquant, il n’y a pas de vent
mais nous « n’entendons » que ça, c’est assez difficile à décrire.
Notre isolement est étrangement fortement agréable.
Les premières curiosités de notre « safari » sont
les voitures abandonnées sur le bord de la route, et on est sûr qu’il y en
avait plus de 200 sur tout le trajet. Le plus drôle a été de voir un camion de
remorquage abandonné !
L'une des nombreuses carcasses de voiture. |
Nous croisons également beaucoup de dromadaires, qui nous
regardent bêtement tout en mâchant leur herbe en faisant aller leur mâchoire de
droite à gauche, et puis qui se mettent soudainement à courir. Ca ne transpire
pas l’intelligence… Nous voyons également
quelques dingos, un peu plus timides et magnifiques (on en veut un), des
lézards, des serpents, et de magnifiques chevaux sauvages. Bizarrement, nous n'avons pas vu un seul kangourou.
Dingo |
Petit vidéo des dromadaires et de la jolie route :
La route n’est pas trop difficile, ils la
« lissent » deux fois par an et nous pensons qu’ils viennent de le
faire. Comme il n’y a personne sur la route, nous pouvons rouler au milieu, à
gauche, à droite, ce qui nous permet d’éviter les plus gros cailloux et autres
briques suspectes (destinées à faire fonctionner les marchands de pneus
locaux ?). Les bosses ne sont pas ce qu’il y a de plus agréables (sur les
200 premiers et derniers kilomètres) mais quand il n’y en a pas, on a
réellement l’impression de rouler sur un gâteau moelleux. Il faut juste rester
bien concentré car à notre vitesse, nous n’avons pas beaucoup d’adhérence, et
donc pas toujours un parfait contrôle de la voiture. Mais c’est génial :-D
Et on s’amuse même à traverser les grosses flaques d’eau au milieu du chemin
alors qu’il y a un peu de place pour passer sur le côté. Bon j’avoue, c’est moi
qui le voulais surtout, je n’étais pas à l’aise sur le côté, la voiture se
penchait trop à mon goût et j’avais peur qu’elle se renverse ^^
Nous avons parcouru les 1000 km en 3 jours, et nous avons
dormi dans le premier et le dernier road house. La plus grande distance parcourue
a été réalisée la deuxième journée (= 480 km). Nous comptons faire un plein
d’essence à mi-chemin, mais nous sommes un jour férié, il est 12h15 et le road
house ferme à 12h. Heureusement nous avons nos
bidons en réserve, car la consommation de Chuck est très élevée sur ce
type de route avec les pneus dégonflés, et nous ne sommes pas sûr d’arriver à
destination avec un plein.
Les deux nuits passées dans les road house se sont
relativement bien déroulées, malgré quelques frayeurs au second.
Dans le premier, nous étions dans un camping avec barrières
et fils barbelés. Nous y rencontrons un couple de notre âge, un français et une
anglaises (nous parlons donc anglais), qui fait la route dans le même sens que
nous et qui deviendrons nos meilleurs amis de voyage jusqu’à Alice Springs. Par
contre, le couple de retraités arrive peu de temps après nous, mais repart très
vite car tout est fermé et ils ne nous voient pas. Nous nous inquiétons à
nouveau pour eux car le prochain road house est à 250 km et il est 17h…
Dans le second road house, pas de grille, tout est ouvert, les
retraités sont toujours vivants et nous sommes soulagés de les revoir! Ils
se sont arrivés très tard au second road house, et heureusement des aborigènes
du coin les ont aidés à rentrer dans le camping en leur conseillant de ne pas
rester dehors.
Nous passons une soirée tranquille autour du feu, avec deux
autres couples (dont le jeune couple, Augustin et Sally), quand nous apercevons
une voiture d’aborigènes qui fait le tour du camping. Nous ne connaissons pas
leurs intentions mais notre imagination fonctionne très fort. Augustin et Sally
approchent leur voiture pour être moins isolés. Nous finissons tous par nous
coucher, mal à l’aise. Avec François, nous décidons de dormir avec un couteau
(on ne sait jamais), écoutons tous les bruits (on a presque sursauté lorsque la
tente a commencé à faire du bruit à cause du vent), préparons nos points
d’observation discrets à partir de nos fenêtres, et ne dormons presque pas. Evidemment,
il ne s’est rien passé, et tant mieux ! On a juste entendu vers le matin
des hurlements de dingos, qui se rapprochaient de plus en plus.
Premier roadhouse (Tjukayirla), les pompes à essence sont enfermées dans des cages. |
Prix de l'essence : 2,35 $/l alors que sur la côte il est aux environs de 1,5 $/l |
Coucher de soleil au premier roadhouse |
Une libellule finit notre tomate |
L'avantage de ne pas avoir de pollution lumineuse, on voit super bien la voie lactée. Le tout grâce à un bon appareil photo et un bon photographe. |
L'attaque des mouches, épisode 1 |
La route se termine, nous sommes déjà nostalgique de cette
expérience génialissime et difficile à décrire :-)
Tout s’est bien passé, et pas de pneus crevés. Françoise
demande à ce que je précise que j’ai écrasé un lézard, mais je ne voulais pas
l’écraser, il était entre les roues et il a paniqué. Augustin et Sally ont
quant à eux fait un superbe tête à queue afin d’éviter un lézard. Finalement,
ma solution était la meilleure.
On y est presque (Uluru) |
Changement d'état |
Nous commençons à apercevoir au loin des gros monticules
arrondis. Il s’agit des Monts Olgas, et nous avons beau avancer, ils
s’approchent, grandissent, deviennent géants, mais nous ne sommes toujours pas
à leurs pieds…
Suite au prochain épisode ;-)
Les Olgas au loin |
Fin de la Great Central Road et arrivée aux Olgas |
3 commentaires:
Superbes photos comme toujours ! J'adore la libellule sur la tomate..et puis, ces paysages ...quelle expérience !
comme d'hab, ça donne envie de rouler en bagnole !
Je suis remplie de frissons à la lecture de votre voyage: le calme, les paysages, l'isolement! Quelle belle aventure!
Enregistrer un commentaire